Il y a un siècle, ceux qui savaient lire savaient aussi se situer dans l’espace et dans le temps. Il n’en est plus ainsi. Les Français, et d’ailleurs tous les Occidentaux, sont devenus, pour la plupart, des hommes sans passé,des «immémorants». Notre modernité fabrique, hélas, davantage de consommateurs-zappeurs interchangeables que de citoyens responsables, désireux de comprendre et de construire.
Est-il possible de déchiffrer l’actualité sans références historiques ? Comment situer, par exemple, les guerres d’Irak sans avoir entendu parler de la Mésopotamie ? On voit tout, tout de suite, en direct,mais on ne comprend rien.
D’où l’idée simple, ambitieuse et modeste à la fois, d’écrire un livre assez court qui soit un récit de l’histoire du monde, fermement chronologique, pour tous ceux qui souhaitent «s’y retrouver» et situer leur destin personnel dans la grande histoire collective de l’espèce humaine.
Dans leur précédent ouvrage, Toute l’histoire du monde, J.-C. Barreau et G. Bigot brossaient avec brio un tableau précis et stimulant de l’histoire humaine. Il était donc tout naturel qu’ils s’attaquent ensuite à la géographie, cette discipline mal-aimée des petits et des grands… qu’ils se sont juré de nous faire redécouvrir. Véritable visite guidée de notre planète Terre, dont il détaille les divers aspects – continents, océans, montagnes – et dont il décrit chaque pays, selon un ordre extrêmement original, mêlant habilement géographies physique et humaine, climatologie, géologie et histoire, ce livre revisite le monde de façon non conventionnelle, n’hésitant pas à nous donner à lire des cartes à l’envers, à risquer des rapprochements audacieux (Suisse et Népal) ou à créer des concepts comme celui de « tricontinent » ou de « Finistère européen » ! Un voyage pédagogique à la portée de tous.
Où sont passés les chefs ? Dans les salles de classe, au bureau mais aussi dans l’arène politique, le commandement se délite, disparaît, quand il ne dégénère pas en tyrannie ou en anarchie. L’entreprise semble être le dernier lieu régi par un principe hiérarchique, celui où une autorité s’exerce encore sur un collectif. Hélas, le capitalisme anglo-saxon a noyé l’art du bon gouvernement dans les eaux saumâtres du management.
Désormais, on laisse faire ses collaborateurs, on les abreuve de mots, on feint de les écouter, on les réunit et on les évalue sans cesse, on peut même les pousser au suicide : voilà quelques-unes des manifestations les plus courantes ou les plus spectaculaires de cet anti-machiavélisme de base, naïf et méchant, que l’on nomme le management. Imitant les patrons de multinationales, vos supérieurs hiérarchiques et vos élus politiques tentent d’appliquer à leur niveau les mêmes méthodes.
La Trahison des chefs explique brillamment pourquoi « manager », c’est préférer la précarité des salariés, le recrutement de clones et in fine le chômage. Et comment cette logique mène nos sociétés droit dans le mur.
Un dictateur à Moscou ? Une bombe atomique sur le Pakistan ? Une bataille navale Chine-USA ? Impossible et pourtant… Quai d’Orsay. CIA ou Mossad travaillent sur de telles hypothèses catastrophes. Dignes des plus terrifiants thrillers hollywoodiens, ces scénarios s’en distinguent sur un point : ils sont plausibles. Le général américain Schwartzkopf n’avait-il pas imaginé une fiction qui deviendra… la guerre du Golfe ? Classés « secret défense », ces documents demeurent soigneusement dissimulés au public. Pour la première fois, un journaliste se livre au même exercice. Rédigées comme des polars, ces sept nouvelles d’anticipation stratégique entraîneront le lecteur au-dessus des poudrières les plus explosives de la planète : Corée, Caucase, Cachemire, mer de Chine, golfe Persique. Sept scénarios mettent en scène des faits et des personnages aussi proches que possible de la réalité. Toute ressemblance entre notre futur et l’un de ces engrenages ne saurait être exclue. La guerre froide est finie et des conflits atomiques, chimiques, bactériologiques deviennent envisageables. La troisième guerre mondiale commencera le…
L’Homme sans qualités n’est pas seulement l’une des œuvres majeures du XXe siècle. Elle en condense de manière incomparable les interrogations et les potentialités, les contradictions et les craintes. Elle nous offre l’extraordinaire tableau d’un monde qui allait être précipité dans la catastrophe, et dont Vienne fut le laboratoire.
En quelques décennies, tout a changé. La France, à l’heure des gilets jaunes, n’a plus rien à voir avec cette nation une et indivisible structurée par un référentiel culturel commun. Or la dynamique de cette métamorphose révèle un archipel d’îles s’ignorant les unes les autres.
Le socle de la France d’autrefois, sa matrice catho-républicaine, s’est complètement disloqué. Jérôme Fourquet envisage d’abord les conséquences anthropologiques et culturelles de cette érosion. Mais, plus encore, ces mutations profondes de la nouvelle France induisent un effet d’« archipelisation » de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d’un réduit catholique, instauration d’une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes.
Dans ce contexte de fragmentation sans précédent, on comprend mieux la crise que traverse notre système politique, où l’agrégation des intérêts particuliers au sein de coalitions larges est tout simplement devenue impossible.
La France est un pays étrange, dont certaines bizarreries étonnent toujours l'Europe et le monde. Il est sans doute peu de nations où l'on célèbre autant la raison, les idées générales, l'universel, l'ouverture au monde, tout ce qui est grand, neuf, généreux. Et pourtant la France n'a rien à envier à personne en ce qui concerne la défense des particularismes, des statuts, des terroirs, des situations acquises. On y brocarde volontiers les puissants - mais l'on y attend toujours le grand homme... Quelle cohérence dans tout cela ? S'agit-il d'héritages singuliers propres à chaque domaine de la vie sociale, ou de quelque chose de plus vaste, d'une conception de la vie en société - d'une culture - qui marquent tous les aspects de l'existence ? Philippe d'Iribarne a réuni, dans cet essai global, sa grande connaissance des spécificités et des différences françaises par rapport aux Américains, aux Allemands, aux Anglais, à d'autres Européens... La comparaison met en lumière avec précision ce que la France, éprise de « grandeur », a de vraiment singulier, la conception de l'homme et de la société qui est coeur de sa culture et ce qui en découle pour la vie économique et sociale, l'appréhension du marché du travail et du chômage, le sens de la hiérarchie, l'enseignement, l'accueil et l'insertion des immigrés. Même si des réformes sont nécessaires, ce « modèle social français », très lointainement et très profondément enraciné, n'est pas sans atout, et il serait déraisonnable de le jeter sans plus aux orties de la mondialisation.
La mondialisation a créé une fracture entre deux clans : les Anywhere (ceux de Partout) et les Somewhere (ceux de Quelque-Part). Il y a les diplômés de l’enseignement supérieur et les autres.
Ceux qui ont des revenus confortables, et les autres.
Ceux qui ont un réseau, et ceux qui ont juste une famille.
Ceux pour qui l’immigration est une chance, et ceux pour qui elle est une mise en concurrence.
Ceux pour qui changer, c’est bien ; et ceux pour qui changer, c’est perdre.
Les premiers décident des changements politiques, sociaux et culturels, alors qu’ils sont minoritaires.
Maurice Gourdault-Montagne nous fait revivre les grands événements diplomatiques qui ont marqué la France de Mitterrand à nos jours.
Plus que les mémoires d’un grand diplomate, cet ouvrage est celui de l’un des meilleurs connaisseurs des relations internationales de ces quarante dernières années. Acteur et expert de premier plan, l’auteur nous éclaire sur des enjeux stratégiques dont l’actualité ne cesse de faire irruption dans nos vies. Maurice Gourdault-Montagne est un homme de caractère. Sa vigueur intellectuelle donne à ces souvenirs toute leur valeur et leur authenticité. Ayant occupé des fonctions clés à l’Élysée, à Matignon et au Quai d’Orsay, maîtrisant aussi bien les arcanes de la diplomatie française que ceux de la politique intérieure, il nous plonge dans les coulisses des grandes crises qui ont secoué le monde.
Des rapports franco-américains durant la guerre d’Irak aux missions secrètes dont il fut chargé pour renouer des relations avec l’Iran et la Syrie, en passant par les soubresauts de la construction européenne, il nous fait entrer dans ce qu’on appelle le « domaine réservé » du président, depuis le premier mandat de François Mitterrand. À une vision uniforme et idéologique du monde, Maurice Gourdault-Montagne oppose une philosophie de l’action fondée sur la diversité des cultures et des peuples, le respect de leur histoire et de leur sensibilité.
Jeune diplomate en Inde, puis ambassadeur à Tokyo, Londres, Berlin ou Pékin, il dresse des portraits originaux des dirigeants qu’il a rencontrés, en particulier en Allemagne où il a passé sept années. Il évoque aussi les occasions manquées avec la Russie et livre une analyse personnelle de la crise ukrainienne. Devant l’importance de l’enjeu algérien, il retrace la tentative avortée du traité d’amitié, et nous éclaire enfin sur les évolutions de pays plus lointains, indispensables à la compréhension des défis contemporains, comme la Chine, l’Inde et le Japon.
Dans un environnement marqué par le retour des empires, la colère des peuples et le recul des valeurs universelles au profit du différentialisme et du communautarisme, Maurice Gourdault-Montagne souligne aussi bien les atouts que les faiblesses de notre pays : une France contrainte de s’adapter aux nouvelles réalités du monde sans rien perdre de sa capacité d’entraînement.
La culture occidentale est en crise. Le Narcisse moderne, terrifié par l’avenir, méprise la nostalgie et vit dans le culte de l’instant ; dans son refus proclamé de toutes les formes d’autorité, il se soumet à l’aliénation consumériste et aux conseils infantilisants des experts en tout genre.
Aujourd’hui plus que jamais, l’essai majeur de Christopher Lasch frappe par son actualité.
Décortiquant la personnalité typique de l’individu moderne, Lasch met en lumière ce paradoxe essentiel qui veut que le culte narcissique du moi en vienne, in fine, à détruire l’authentique individualité.
Christopher Lasch déroule le fil d’une analyse souvent subtile, nourrie de psychanalyse et de sociologie ; sa critique du mode de vie contemporain et d’une pensée de gauche complice du capitalisme est radicale, mais non sans espoir, car elle est pénétrée de la conviction que la conscience de l’histoire peut redonner du sens à un monde qui n’en a plus.
Onze ans après la mort de Yonnet, voici la nouvelle édition préfacée et postfacée, de ce livre visionnaire sur les maux de la société française, accueilli en 1993 par des insultes et le mépris de la quasi-totalité des médias.
Ce Voyage dérangeant se déroule en trois étapes. Il commence par l'exploration scrupuleuse de ce que l'auteur appelle un "antiracisme de nouvelle génération" apparu au cours des années quatre-vingt, parallèlement à la montée de l'extrême droite xénophobe. Sa nouveauté redoutable, est-il montré, est précisément d'installer la notion de "race" qu'il prétend au départ combattre. N'est pas "antiraciste" qui veut ; encore faut-il apprendre à déjouer les pièges d'un problème qui détourne et retourne les meilleures intentions.
L'utopie de substitution que développe SOS - Racisme est ensuite envisagée comme un révélateur de la conjoncture idéologique française au cours d'une décennie marquée par le double effondrement de l'espérance prolétarienne et de l'encadrement catholique. Ce sont enfin quarante-cinq ans d'histoire qui sont remis en perspective à la lumière de l'effondrement du roman national que Paul Yonnet diagnostique au coeur des fantasmes et des angoisses dont la cohésion collective fait aujourd'hui l'objet.
Sociologue, Paul Yonnet a étudié les loisirs, les pratiques sociales à caractère de masse et la médiatisation. Il est mort en 2011.
Nous protégeons les animaux, Daesh égorge des hommes. On pourrait en conclure que nous vivons sur des planètes différentes… Il n’en est rien. La violence de l’État Islamique se nourrit de notre désarmement, elle est l’envers des progrès pacifiants de la civilisation. Le djihadisme incarne la puissance d’une idéologie religieuse qui nous méprise et nous insulte. C’est là notre vraie blessure : l’histoire est peut-être en train de changer de camp, à notre détriment. Notre pacification sourcilleuse abandonne au djihadisme l’immense fascination de la violence collective.
Christianisme, islam, bouddhisme, les trois religions aux milliards de fidèles sont des créations de fin d'empire, les traînes des trois empires-mondes que sont Rome, la Chine et l'Islam. De ces religions Gabriel Martinez-Gros ne retient ici qu'un point commun, le moment où elles sont nées, lorsque l'impuissance croissante du pouvoir impérial dissocie son action politique de son système de valeurs, lorsqu'il passe de l'agir militaire et politique au dire religieux. La résonnance avec le monde moderne est frappante. La fin de l'extraordinaire poussée économique et démographique de la modernité (1800-2050), où l'Occident, empire informel, étendit sa domination, devrait ainsi voir une nouvelle émergence religieuse, de la même façon que l'affaiblissement de Rome aux IIIe-IVe?siècles, la disparition des Han à la même époque, le naufrage du califat islamique entre IXe et XIe siècle ont abouti à des éclosions religieuses. Telle est l'idée majeure de ce livre aussi brillant que novateur, porté par une érudition confondante.