Les Lumières, selon Kant, c’est le fait pour chacun de se libérer des autorités et des préjugés qui l’empêchent de penser par soi-même. Mais penser par soi-même, cela ne veut pas dire se replier sur soi. C’est au contraire exposer ses idées dans l’espace public pour les partager avec toute l’ humanité. Car les Lumières sont un progrès collectif : émancipation de la raison, liberté d’expression, éducation de la jeunesse – autant d’idéaux contenus dans cette devise, que Kant t’adresse : ose savoir !
Francis Bacon (1561-1626) est une figure étrange et controversée de l’histoire politique et littéraire anglaise. Après être tombé en disgrâce par deux fois, sous Élisabeth Ire et sous Jacques Ier, il se consacre à son activité scientifique et philosophique. Il expose sa vision rationaliste et inductive du raisonnement scientifique dans le Novum Organum (1620) et étudie, à la manière des moralistes antiques, les affaires humaines dans les Essais de Morale et de politique (1625). D’un coup de scalpel, il les dissèque et en révèle l’essence. Son regard de juriste se pose sur les passions, avec une précision et une netteté de trait qui font de ce texte une grande œuvre classique.
Tout au long du XXe siècle, les enfants, dans leurs poussettes, ont fait face à l'adulte qui les promenait. Jusqu'aux années 70, où un retournement massif est intervenu : brusquement, on s'est mis à orienter les enfants vers l'avant. Pourquoi cette inversion ?
La question, sous ses apparences anodines, nous entraîne dans une enquête inattendue et passionnante au coeur du monde contemporain. La démocratie et la science, nos références cardinales, ont contribué conjointement au retournement : l'une et l'autre privilégiant un sujet libéré du poids du passé, des entraves traditionnelles, un sujet regardant d'emblée vers l'avant et auto-construit.
Sommes-nous pour autant devenus des surhommes qui tirent leurêtre d'eux-mêmes et élaborent de façon autonome leurs valeurs ? Ou bien sommes-nous restés des hommes qui, à récuser toutes les autorités, risquent de s'abandonner aux déterminismes aveugles et aux fantasmes régressifs que, vaille que vaille, les civilisations s'efforçaient d'apprivoiser ?
Pour Olivier Rey, les récits inventés depuis un demi-siècle par la science-fiction sont moins fantaisistes qu'on ne le pense : ils nous instruisent sur un réel qui, sous des dehors rationnels, est plus que jamais gouverné par l'inconscient. Ses analyses éclairent les orientations actuelles de la biologie qui, s'emparant de la reproduction humaine, a entrepris de matérialiser des théories infantiles, de nous affranchir des chaînes généalogiques et de l'obscurité de l'origine sexuelle. L'examen des doctrines éducatives en usage, promouvant un enfant délivré de la tutelle des adultes, constructeur de ses savoirs et de lui-même, nous permet de mesurer à quel point l'utopie de l'auto-fondation a pénétré notre monde.
À l’heure où TikTok s’impose comme le réseau social préféré des jeunes français, que sait-on de l’impact de cette plateforme sur ses utilisateurs, qui sont de plus en plus nombreux à l’utiliser pour se divertir, mais aussi pour s’informer ? François Kraus livre ici son analyse d’une enquête qui fait le point sur le sujet ; elle est suivie des points de vue de Rudy Reichstadt et de Helen Lee Bouygues.
Lorsqu’il publie son essai De la démocratie en Amérique (1835), Alexis de Tocqueville est l’héritier d’un principe vaincu : l’aristocratie. À la lumière des événements révolutionnaires, il propose, avec l’Amérique comme point de départ, une analyse du principe vainqueur : la démocratie, qui est inséparablement gouvernement du peuple, société égalitaire et "esprit du temps". S’il est évident pour Tocqueville que l’humanité marche à grands pas vers l’âge démocratique, il n’en soulève pas moins ses faiblesses et ses dangers potentiels, son influence sur les mœurs des peuples ainsi que sur leurs lois et leurs institutions.
Rencontrant dès sa parution un vif succès en Europe et en Amérique, cette oeuvre majeure pour la pensée politique, philosophique et historique a marqué les esprits, par son aspect visionnaire à de nombreux égards.
Tocqueville est allé chercher aux États-Unis non pas un modèle, mais un principe à étudier, et une question à illustrer et à résoudre ; à quelles conditions la démocratie, si elle est un état de société, devient ce qu’elle doit être aussi, faute de conduire à une dictature : un état de gouvernement ...
L’Amérique lui offre, comme société et comme culture, une démocratie pure. Et un gouvernement déduit de cette démocratie pure. Une anti-Europe dans les deux cas, sans héritage aristocratique, sans legs absolutiste, sans passions révolutionnaires. Avec, au contraire, une tradition de libertés locales collectives. Par tous ces traits, mutatis mutandis, un objet de réflexion capital pour les Européens.
Dédié à Laurent de Médicis, Le Prince est une œuvre nourrie par l'expérience d'ambassadeur de son auteur. Machiavel y définit les fins du gouvernement : sur le plan extérieur, maintenir à tout prix son emprise sur les territoires conquis ; sur le plan intérieur, se donner les moyens de rester au pouvoir. Parce que les hommes sont égoïstes, le prince n'est pas tenu d'être moral. Il doit être craint en évitant de se faire haïr par le peuple. La réduction de Machiavel au machiavélisme est cependant trop simpliste. On peut même lire Le Prince comme une des premières œuvres de science politique, l'auteur ne cherchant qu'à décrire les mécanismes du pouvoir, à la manière du physicien qui détermine les lois de la gravitation. Rousseau ou encore Spinoza ont même pensé que Le Prince s'adressait en vérité au peuple pour l'avertir des stratégies utilisées par les tyrans. Œuvre géniale dans son ambiguïté, Le Prince peut donc être lu soit comme un traité de gouvernement à l'usage du despote, soit comme un ouvrage de science, voire comme une critique déguisée du despotisme.
Lorsqu’il publie son essai De la démocratie en Amérique (1835), Alexis de Tocqueville est l’héritier d’un principe vaincu : l’aristocratie. À la lumière des événements révolutionnaires, il propose, avec l’Amérique comme point de départ, une analyse du principe vainqueur : la démocratie, qui est inséparablement gouvernement du peuple, société égalitaire et "esprit du temps". S’il est évident pour Tocqueville que l’humanité marche à grands pas vers l’âge démocratique, il n’en soulève pas moins ses faiblesses et ses dangers potentiels, son influence sur les mœurs des peuples ainsi que sur leurs lois et leurs institutions.
Rencontrant dès sa parution un vif succès en Europe et en Amérique, cette oeuvre majeure pour la pensée politique, philosophique et historique a marqué les esprits, par son aspect visionnaire à de nombreux égards.
Tocqueville est allé chercher aux États-Unis non pas un modèle, mais un principe à étudier, et une question à illustrer et à résoudre ; à quelles conditions la démocratie, si elle est un état de société, devient ce qu’elle doit être aussi, faute de conduire à une dictature : un état de gouvernement ...
L’Amérique lui offre, comme société et comme culture, une démocratie pure. Et un gouvernement déduit de cette démocratie pure. Une anti-Europe dans les deux cas, sans héritage aristocratique, sans legs absolutiste, sans passions révolutionnaires. Avec, au contraire, une tradition de libertés locales collectives. Par tous ces traits, mutatis mutandis, un objet de réflexion capital pour les Européens.