La mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, a provoqué en Iran une vague de contestation sans précédent, devenue depuis insurrection. Venu fissurer et souligner la déconnexion totale du régime avec sa société, ce mouvement de révolte a révélé l'illégitimité d'un État de non-droit et le refus de sa jeunesse à ployer sous son joug. Prisonnier d'une vision théocratique, anti-occidentale, antimoderne et antidémocratique, sans ancrage dans la réalité culturelle du pays, l'Iran gronde de griefs aussi politiques et économiques qu'écologiques. Sans compter, sur le plan anthropologique, cette « joie de vivre » que revendique le mouvement, en complète contradiction avec une conception mortifère de l'existence qui promeut le martyre comme idéal de vie. Cependant, en dépit de la répression massive qui s'abat sur la société iranienne depuis plus de quatre décennies, malgré la main mise totale du régime sur les institutions et les médias, force est de reconnaître l'échec de la République islamique à embrigader et asservir la société, notamment la jeune génération. Éclairant le mouvement à la lumière d'une nouvelle subjectivité iranienne, de l'évolution de la République islamique et, enfin, de ses échecs, Farhad Khosrokhavar décrypte les particularités d'un mouvement où la jeunesse – en particulier les femmes – est à l'avant-garde. Une analyse critique et détaillée des composantes du système pour comprendre le paradoxe de l'Iran : une société de plus en plus sécularisée et un État de moins en moins en mesure d'en comprendre l'évolution.
Les lecteurs potentiels pourraient se demander pourquoi inclure un livre explorant « le jihadisme et la famille » dans une série consacrée aux « mouvements sociaux au XXIe siècle » ? Les mouvements sociaux sont généralement abordés en termes d’activisme, soit encadré par des opportunités (modèles d’action instrumentale/rationnelle), soit par des valeurs et des expériences (approches culturelles des mouvements). Où se situent le djihadisme et les expériences familiales dans cette matrice ?
Max Weber décrit le grand bouleversement des Temps modernes, la transformation dans les mentalités du rapport à l'argent et à la fortune.
Aux consciences médiévales marquées par la parole évangélique selon laquelle " il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu " (Marc, X, 25), le protestantisme affirme que l'homme est sur terre pour se livrer à des œuvres terrestres, et que le succès de ses entreprises est le signe de la grâce divine. L'essor du capitalisme se fonde sur cette révolution des esprits, engendrée par la tourmente luthérienne.
Max Weber est le premier à donner une explication spécifique de l'essor du capitalisme. À travers cette magistrale leçon de sociologie, il éclaire d'un jour nouveau notre civilisation.