Un polar contemporain qu’il faut lire pour ne pas en être la victime.
Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, une lame de fond s’abat sur les démocraties : le tissu social se déchire, les opinions sont manipulées, les élections sont déstabilisées. Si les outils numériques ont représenté une innovation majeure dans la production et la diffusion de savoirs, ils ont également leurs côtés obscurs : ils donnent les clés de l’influence sociale à tout acteur, politique ou étatique, qui souhaiterait asseoir ses idées auprès d’un grand nombre de nos concitoyens.
Comment se prémunir des intoxications et sauver notre démocratie de l’overdose numérique ?
La science révèle notre dangereuse inadaptation à la nouvelle donne numérique mais nous aide également à en combattre les ravages. Livrant une analyse stupéfiante des effets de l’action des GAFAM dans notre quotidien, David Chavalarias propose des pistes concrètes, tant individuelles que collectives, pour nous en protéger.
Dès 1912, certains ont mis en garde contre les effets d’émissions massive de CO2 dans l’atmosphère par la nouvelle ère industrielle. Dès la fin des années 1970, les études internes des industries fossiles ont établi des projections précises liant le réchauffement de la planète aux émissions de CO2 , prédisant à la même occasion des “effets environnementaux dramatiques à venir avant l’année 2050”. Pendant ce temps, ces mêmes entreprises, et en particulier ExxonMobil, ont tenté de convaincre le public qu’il était impossible d’établir un lien de causalité entre l’utilisation de combustibles fossiles et le réchauffement climatique parce que les modèles utilisés pour modéliser la réponse du climat étaient trop incertains. Depuis les années 1970, les avancées des sciences du climat n’ont cessé de dresser un constat de plus en plus clair sur la réalité du réchauffement climatique (voir le rapport du groupe I du GIEC, chapitre 1), tandis que le rapport du GIEC de 2021 indique qu’“il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres”. Alors le réchauffement climatique s’intensifie dans chaque région du monde (l’année 2022 étant emblématique) et que ses impacts s’aggravent, cette décennie est critique pour engager résolument une baisse des émissions de gaz à effet de serre. Malgré cela, nous assistons à une intensification de l’activité de groupes dénialistes et climato-sceptiques en ligne et à une révision à la hausse des objectifs d’émission de la plupart des majors pétrolières qui viennent pourtant d’annoncer des bénéfices annuels records (ex. BP). En France, l’intensification du militantisme dénialiste a été particulièrement marquée depuis juillet 2022 avec une triple actualité climatique : une série d’événements extrêmes, la tenue de la COP27 avec un poids fort des industries fossiles, et enfin la convergence des les enjeux du réchauffement climatique avec ceux de la sécurité d’approvisionnement en pétrole et en gaz du fait de la guerre en Ukraine. Cette étude décrit certaines des stratégies mises en œuvre par les militants climatosceptiques et dénialistes sur Twitter, quantifie leurs effets et met en avant de potentielles motivations géopolitiques aux côté des dimensions politiques et économiques déjà présentes. Elle s’appuie sur les méthodologies développées au CNRS au CAMS et à l’Institut des Systèmes Complexes de Paris. Au-delà du “fact-checking”, cette étude vise à une meilleure compréhension de la circulation des différents narratifs liés au changement climatique et en particulier ceux relevant de la désinformation.