« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison », disait Albert Camus. Avec ce livre, Jean Birnbaum veut apporter du réconfort à toutes les femmes, tous les hommes qui refusent la « brutalisation » de notre débat public et qui veulent préserver l’espace d’une discussion aussi franche qu’argumentée. Pour cela, il renoue avec les grandes figures intellectuelles que sont Albert Camus, George Orwell, Hannah Arendt, Raymond Aron, Georges Bernanos, Germaine Tillion ou encore Roland Barthes. Pas seulement pour trouver refuge auprès de figures aimées mais surtout pour recouvrer l’espoir et la capacité de proclamer ceci : dans le brouhaha des évidences, il n’y a pas plus radical que la nuance.
Alors que la violence exercée au nom de Dieu occupe sans cesse le devant de l’actualité, la gauche semble désarmée pour affronter ce phénomène. C’est qu’à ses yeux, le plus souvent, la religion ne représente qu’un simple symptôme social, une illusion qui appartient au passé, jamais une force politique à part entière.
Incapable de prendre la croyance au sérieux, comment la gauche comprendrait-elle l’expansion de l’islamisme ? Comment pourrait-elle admettre que le djihadisme constitue aujourd’hui la seule cause pour laquelle un si grand nombre de jeunes Européens sont prêts à aller mourir à des milliers de kilomètres de chez eux ? Et comment accepterait-elle que ces jeunes sont loin d’être tous des déshérités ?
Là où il y a de la religion, la gauche ne voit pas trace de politique. Dès qu’il est question de politique, elle évacue la religion. Voilà pourquoi, quand des tueurs invoquent Allah pour semer la terreur en plein Paris, le président socialiste de la France martèle que ces attentats n’ont « rien à voir » avec l’islam.
Éclairant quelques épisodes de cet aveuglement (de la guerre d’Algérie à l’offensive de Daech en passant par la révolution islamique d’Iran), ce livre analyse, de façon vivante et remarquablement documentée, le sens d’un silence qu’il est urgent de briser.