« Saisi à la gorge » par les perspectives que les conclusions du club de Rome popularisées par Mansholt ouvrent au Tiers Monde qu'elles condamnent, dans le cadre des structures actuelles, à la misère perpétuelle, René Dumont lance un avertissement : si les pays démunis risquent d'être de plus en plus affamés et dominés, nous risquons, nous, les riches gaspilleurs et pollueurs, de nous retrouver de plus en plus asphyxiés, dans nos autos privées, symboles de notre egoïsme.
Les réalistes du club, industriels et savants, nous annoncent un effondrement total de notre civilisation au cours du prochain siècle si se prolongent les croissances exponentielles de la population industrielle, et la misère à perpétuité du Tiers Monde. C'est pourquoi rené Dumont propose de réhabiliter les Utopies, et cherche à dessiner, pour notre planète assiégée, les premiers traits d'une société de moindre injustice et de survie, la société sans mépris.
Notre monde est menacé sur tous les fronts. Et l'économie de profit, loin de freiner les gaspillages, la pollution, les armements, la surpopulation, les inégalités sociales, les encourage ou, pire, n'arrive plus à les contrôler. Les Etats démunis ne sont plus les seules victimes de ces dérèglements : les pays riches ont aussi leur quart monde. La pauvreté n'a pas de frontière, pas plus que l'air, la terre, l'eau et le vent n'ont de patrie. Tchernobyl, le krach boursier d'octobre noir, les invasions de sauterelles ou d'algues nous démontrent qu'il n'est pas de catastrophe locale qui n'ait de répercussion planétaire.
René Dumont fait aujourd'hui le bilan, exemples et chiffres à l'appui, des menaces qui pèsent sur la planète. Il donne aussi quelques conseils, ponctuels ou plus généraux, pour juguler un trop prévisible cataclysme. Et surtout, il encourage les hommes, les nations, à être responsables et solidaires de leur environnement. Ce n'est plus l'utopie ou la mort, mais le réalisme ou la mort.