« Les progressistes ont fait trop de concessions à l’élite du pouvoir. Ils ont succombé à l’opportunisme puis à la peur en entraînant avec eux leurs institutions. Ils ont renoncé à leur fonction morale. Ils n’ont pas dénoncé les abus des milieux d’affaires quand ils en avaient l’occasion, et ont banni de leurs rangs ceux qui osaient le faire. […] L’une après l’autre, ces institutions ont succombé à l’appât du gain, aux harangues patriotiques, à l’idéologie de la guerre permanente, à la peur des ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur et à la méfiance à l’égard des militants de gauche, à qui l’élite progressiste devait jadis son honnêteté. »
De plus en plus puissant, l’État-entreprise n’a même plus à répondre à ses détracteurs progressistes. Les médias, les syndicats, les universités, les artistes et le Parti démocrate se sont tous inclinés devant la grande entreprise et, bardés de leur prétendue neutralité, défendent désormais les intérêts de celle-ci dans une consternante pantomime de démocratie. L’élite progressiste américaine, détachée du monde, dépourvue de toute crédibilité, a déserté la tribune politique, cédant la place au populisme d’extrême droite. À la fois récit du naufrage volontaire du contre-pouvoir, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à l’invasion de l’Irak, et constat d’un alarmant vide idéologique, ce livre salue aussi les révoltés, libres parias, qui persistent à épuiser le champ du possible.
Democracy is struggling in America — by now this statement is almost cliché. But what if the country is no longer a democracy at all? In Democracy Incorporated, Sheldon Wolin considers the unthinkable: has America unwittingly morphed into a new and strange kind of political hybrid, one where economic and state powers are conjoined and virtually unbridled? Can the nation check its descent into what the author terms “inverted totalitarianism”?
Wolin portrays a country where citizens are politically uninterested and submissive — and where elites are eager to keep them that way. At best the nation has become a “managed democracy” where the public is shepherded, not sovereign. At worst it is a place where corporate power no longer answers to state controls. Wolin makes clear that today’s America is in no way morally or politically comparable to totalitarian states like Nazi Germany, yet he warns that unchecked economic power risks verging on total power and has its own unnerving pathologies. Wolin examines the myths and mythmaking that justify today’s politics, the quest for an ever-expanding economy, and the perverse attractions of an endless war on terror. He argues passionately that democracy’s best hope lies in citizens themselves learning anew to exercise power at the local level.
Democracy Incorporated is one of the most worrying diagnoses of America’s political ills to emerge in decades. It is sure to be a lightning rod for political debate for years to come. Now with a new introduction by Pulitzer Prize–winning journalist Chris Hedges, Democracy Incorporated remains an essential work for understanding the state of democracy in America.
En dénigrant la modernité (capitalisme, industrialisme, libéralisme) des auteurs du 19e siècle ont élaboré une idéologie faite de désespoir culturel et de nationalisme mystique, qui a préparé le terrain pour l'avènement du nazisme. Publié pour la 1re fois en 1961, cet ouvrage est un classique en Etats-Unis et en Allemagne.
Il y a une quarantaine d’années, lorsque des télévangélistes américains – tels Pat Robertson – se sont mis à hurler sur les ondes que les États-Unis deviendraient une nation et un empire chrétien, les esprits cultivés souriaient. Ce langage passait alors pour du racolage commercial, de l’esbroufe ou des coups de gueule sans conséquence. Aujourd’hui, l’influence politique de la droite radicale évangélique est devenue incontestable aux États-Unis. Près d’un tiers des Américains y adhèrent, à divers degrés. Elle possède des écoles, des journaux et des radios. Ses membres ont largement soutenu Donald Trump, et ils ne sont pas étrangers à l’assaut du Capitole de janvier 2021. Son langage autoritaire et ses appels à la domination totale ne sauraient donc plus passer pour des hyperboles.
Chris Hedges, journaliste réputé et lui-même pasteur presbytérien, juxtapose habilement enquêtes de terrain et réflexions historiques ou théologiques. Il dévoile ce mouvement et présente les motivations de ceux et celles qui y adhèrent, nous révélant leurs souffrances et leurs aspirations, ainsi que les ressorts idéologiques fascisants de cette droite religieuse.
Un tableau réaliste et précis d’une réalité qui glace le sang.
La plupart des historiens sous-estiment les mouvements de révoltes et accordent trop d’importance aux affaires d’État. Ouvrage au vocabulaire tranchant, à la pensée humaniste et d’une extraordinaire puissance d’évocation, Une histoire populaire des États-Unis recense les moments forts d’une contestation étonnante et méconnue de l’Amérique officielle. Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu, mais dont l’action a profondément redessiné le panorama social et politique du pays de l’Oncle Sam.
Portrait des grèves, manifestations et des soulèvements, Howard Zinn exhume les pans occultés de l’histoire, moteurs des grands changements sociaux, en confrontant avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George W. Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les autochtones, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980–1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère états-unienne, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle.
Une histoire populaire des États-Unis a reçu le Prix des Amis du Monde diplomatique et s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde.
"Les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées, comme la justice et la raison, que j'appelle les clercs, ont trahi cette fonction au profit d'intérêts pratiques". Les mises en garde de Benda pouvaient en 1927, au nom du réalisme, passer pour peu fondées. Aujourd'hui l'ouvrage apparaît comme étrangement prophétique. Les thèses de Benda, parce qu'elles se réfèrent à l'universel, ont triomphé de la double épreuve du temps et de l'histoire.
A la mort de Benda, en 1956, Jean Daniel résuma le sentiment général en lui appliquant, avec plus de justesse même, le mot de Sartre à la mort de Gide : "Sa vigilance va me manquer."